login
login

Bulletin Quotidien Europe N° 13363

5 mars 2024
Sommaire Publication complète Par article 13 / 37
INSTITUTIONNEL / Interview pe2024
« Nous ne travaillerons jamais avec des forces anti-européennes contre les pro-européens », assure Siegfried Mureșan
Bruxelles, 04/03/2024 (Agence Europe)

Vice-président du Parti populaire européen (PPE) et du groupe PPE au Parlement européen, Siegfried Mureșan, qui fera à nouveau campagne aux élections européennes de juin, a exposé, lundi 4 mars à EUROPE, l'importance pour la Roumanie et l'Europe centrale et orientale du congrès du PPE, qui s'ouvrira mercredi 6 mars à Bucarest et lors duquel l'Allemande Ursula von der Leyen sera nommée candidate tête de liste ('Spitzenkandidat') des chrétiens-démocrates européens (EUROPE 13355/4), briguant ainsi un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne. Il assure que le rôle du PPE est d'unir et de diriger avec les forces pro-européennes afin de garantir une majorité stable et solide au Parlement européen. (propos recueillis par Mathieu Bion)

Agence Europe - Pourquoi est-il si important pour la famille du PPE de se retrouver à Bucarest lors de ce congrès électoral ?

Siegfried Mureșan - Le PPE et notre parti membre roumain, le 'Parti national libéral', ont décidé de se réunir en Roumanie pour trois raisons. Tout d'abord, pour promouvoir les réalisations de l'Union européenne auprès du public roumain, parce que nous voyons un parti anti-européen, populiste et extrémiste très fort en Roumanie ['Alliance pour l'unité des Roumains', NDLR], qui essaie de désinformer les gens. La Roumanie sera donc l'un des principaux champs de bataille dans la lutte contre les extrémistes lors des élections européennes cette année et informer les gens sur l'Europe est le meilleur moyen de lutter contre l'extrémisme sur le terrain.

La deuxième raison est que la Roumanie est le plus grand État membre de l'UE où des élections législatives sont prévues cette année. C'est aussi le seul État membre où se dérouleront des élections parlementaires, locales, régionales, présidentielles et européennes. Ainsi, grâce à la visite du PPE ici, nous pensons pouvoir soutenir de manière significative le parti roumain membre du PPE.

La troisième raison est un signe de solidarité avec tous les États membres d'Europe centrale et orientale, qui ont dû faire face à des difficultés depuis le début de la guerre en Ukraine. C'est aussi un signe clair de solidarité avec la Moldavie et l'Ukraine. Cela montre que le voisinage oriental de l'Union est important pour le PPE et que nous soutenons les États sur la ligne de front qui ont reçu de nombreux réfugiés ukrainiens, qui doivent faire face à l'afflux de céréales ukrainiennes et qui doivent réduire leur dépendance à l'égard de l'énergie russe.

Les partis du PPE s'uniront-ils derrière Ursula von der Leyen ?

Je m'attends à ce que le PPE soit uni et fort. Nous avons maintenant douze chefs d'État ou de gouvernement sur les vingt-sept que compte l'UE. La rotation des Premiers ministres en Bulgarie nous donnera un treizième Premier ministre dans le courant de la semaine. L'ambiance est donc positive.

Nous pensons que les thèmes sur lesquels nous sommes forts trouvent un écho favorable auprès des citoyens européens en ce moment.

La présidente Ursula von der Leyen a annoncé son intention de se présenter pour un second mandat. Nous avons immédiatement vu des réactions très positives de la part de nombreux Premiers ministres de l'UE, en particulier du PPE. Elle a ensuite participé à la réunion du groupe parlementaire du PPE le 21 février, où elle a également bénéficié d'un soutien massif.

Nous avons, certes, vu nos collègues français qui avaient des réserves et quelques réserves du côté de l'un des partis membres slovènes. Mais, pour le reste, je m'attends à ce que tout le monde la soutienne.

Et je pense que c'est bien mérité. Nous l'avons vu notamment lors de la crise inattendue qui nous a frappés. Elle a fait preuve de leadership, elle a gardé l'Europe unie, elle a proposé des solutions. Sur la pandémie, sur le soutien à l'Ukraine.

Comment pouvons-nous être sûrs que le processus des 'Spitzenkandidaten' sera respecté cette fois-ci par le Conseil européen ?

La perception des gens est que le processus 'Spitzenkandidaten' a commencé en 2014 et qu'il a été appliqué une fois et pas la fois suivante, en 2019, avec la candidature de Manfred Weber, qui a échoué. Mais il y avait déjà des étapes franchies depuis 2004, lorsque le chancelier allemand, Gerald Schröder, et le président français, Jacques Chirac, étaient convenus que le Premier ministre belge de l'époque, Guy Verhofstadt, serait le prochain président de la Commission européenne.

Le PPE a remporté les élections et nous avons dit : 'Nous sommes les vainqueurs des élections. Nous voulons la présidence de la Commission, pas d'un Premier ministre qui a obtenu un mauvais résultat'. Et nous avons réussi à nous unir derrière un candidat, Jose Emmanuel Barroso, qui est devenu président de la Commission.

En 2009, nous sommes allés plus loin lors du Congrès de Varsovie (EUROPE 9893/5). Avant les élections, nous avions annoncé aux citoyens que nous proposions M. Barroso comme candidat pour un second mandat. Il n'y a pas eu de campagne en 2009 comme en 2014, car les socialistes n'ont pas réussi à s'unir derrière un nom.

Mais nous en avons eu une en 2014. Il y avait deux candidats, Jean-Claude Juncker et Martin Schulz [pour les socialistes]. Nous avons gagné les élections, M. Juncker est devenu président de la Commission. C'est l'exemple le plus clair de l'application du système des 'Spitzenkandidaten'.

En 2019, nous l'avons également appliqué. Nous avions le candidat, les socialistes avaient le leur, mais, malheureusement, notre candidat n'a pas réussi.

Ce que je veux dire, c'est que je pense que 2019 restera une exception. Cela montre que la procédure a survécu à l'année difficile qu'a été 2019. Cela montre que les partis politiques sont engagés et qu'ils la prennent au sérieux. Je pense donc que Mme von der Leyen réussira. Je pense que cela deviendra la règle et que 2019 restera une malheureuse exception.

Quels seront les principaux thèmes que votre famille souhaite proposer aux citoyens ?

Nous sommes un parti enraciné localement, avec de nombreux maires, conseils locaux, régionaux et nous sommes à l'écoute des préoccupations de la population. Nous pensons que les gens attendent désormais de la sécurité et veulent une économie forte. Ces deux éléments sont liés.

C'est pourquoi nous investirons beaucoup dans la sécurité : protéger nos frontières et renforcer nos armées nationales en donnant un rôle à l'Union européenne. Nous soutenons l'idée d'un commissaire européen à la Défense, qui aura la responsabilité de s'assurer que nous créons un marché unique pour la défense, pour les achats d'armes en Europe, afin de garantir que toutes les armées des États membres de l'UE obtiennent le meilleur équipement au meilleur prix possible dans le délai le plus court.

Nous allons soutenir les États membres voisins de l'Union, car nous savons que nous ne pouvons vivre dans la sécurité et la stabilité à l'intérieur des frontières de l'Union que si nous sommes entourés, dans notre voisinage immédiat, de pays sûrs et stables.

Nous allons également travailler sur la compétitivité, de nouveaux accords commerciaux, le soutien aux PME, à la recherche, à l'innovation et, bien sûr, nous nous engageons à poursuivre le 'Green Deal' européen. Nous voulons un 'Green Deal' basé sur l'innovation, avec l'industrie et non contre elle, avec les agriculteurs et non contre eux. La défense des agriculteurs sera également un thème principal de la campagne du PPE.

Sur le 'Green Deal', l'UE est-elle allée trop loin ?

Nous voulons tous moins polluer. Consommer moins d'énergie tout en atteignant nos objectifs, car moins nous consommons d'énergie, moins le coût est élevé. Mais c'est un processus difficile.

De nombreuses personnes et entreprises doivent s'adapter. Et nous voulons les soutenir, y compris financièrement. Nous voulons nous assurer que, lorsque nous prenons une décision et que nous exigeons quelque chose d'une entreprise ou d'un citoyen, ceux-ci peuvent procéder à ces ajustements. Et s'ils ne peuvent pas le faire, ils doivent être soutenus.

C'est la différence avec les Verts, pour qui l'industrie européenne doit s'adapter ou mourir. Pour nous, la mort de l'industrie européenne ne sera jamais une option. L'industrie européenne a suffisamment compris qu'elle devait investir dans les énergies renouvelables. Toutes les usines que je visite aujourd'hui présentent fièrement leurs réalisations en matière de réduction des émissions de CO2.

Si l'on en croit les sondages, votre famille est en bonne voie pour remporter ces élections. À Rome, la semaine dernière, les socialistes ont mis en garde contre une victoire des chrétiens-démocrates, tentés de regarder plus à droite et de quitter la coalition traditionnelle au centre (voir autres nouvelles). Ces craintes sont-elles justifiées ?

Cette crainte n'est pas justifiée. Les socialistes le savent. Ils essaient simplement de l'exploiter pour nous nuire.

En tant que vice-président du PPE, je vous le dis très clairement, le rôle de notre parti européen est d'unir et de diriger avec les forces pro-européennes. Nous obtiendrons une majorité stable et solide au Parlement européen avec les autres forces pro-européennes. Nous ne travaillerons jamais avec des forces anti-européennes contre des pro-européens.

Les anti-européens, les extrémistes, qui veulent détruire l'Europe que nous avons construite, ne peuvent pas être nos partenaires.

Hormis la présidence de la Commission, quels sont les autres postes européens que le PPE tentera de remporter ?

Nous espérons que le PPE restera le groupe le plus important au Parlement. Dans ce cas, nous devrions automatiquement occuper la présidence de la Commission européenne.

Pour les autres postes, il est évident que l'on ne pourra y voir clair et décider qu'après les élections. Cela dépendra beaucoup de la taille des autres groupes. En effet, si le groupe PPE est plus de deux fois plus important que Renew Europe, je pense que Renew Europe ne pourra malheureusement pas prétendre à l'un des postes les plus importants cette fois-ci. Cela signifie également que nous pouvons choisir deux postes avant que Renew Europe n'en choisisse un.

Je pense donc qu'il n'y aura pas de poste de premier plan pour Renew Europe.

Le fait que le mandat de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, soit de huit ans et qu'elle soit toujours en fonction doit également être pris en compte, à la fois pour le public français et pour le président Macron, qui l'a soutenue. Je pense que celui-ci a moins de chances de réussir s'il a une demande spécifique.

Et, bien sûr, l'équilibre régional doit être pris en compte. Il est clair que les 'nouveaux' États membres doivent être inclus. Lorsque Donald Tusk est devenu président du Conseil européen en 2014, ce fut la dernière fois qu'un poste de haut niveau fut attribué à un État membre de l'Est. Et je m'attends à ce que l'équilibre entre les sexes joue également un rôle.

Au Parlement européen, le président roumain, Klaus Iohannis, a déclaré que les dirigeants politiques d'Europe centrale et orientale n'étaient pas suffisamment représentés au niveau européen (EUROPE 13345/4). Partagez-vous son point de vue ?

C'est une évaluation correcte. Il est important que les peuples d'Europe centrale et orientale soient représentés dans les instances dirigeantes à Bruxelles et il ne faut pas non plus que les anti-européens de ces pays abusent de la situation actuelle. C'est ce qu'ils essaient de dire : 'Bruxelles prend des décisions contre l'Europe de l'Est'.

C'est ce qu'a dit le gouvernement polonais. C'est ce que Viktor Orbán est en train de dire [en Hongrie, NDLR]. Et ils auront plus de succès avec ce discours si personne d'Europe de l'Est n'occupe un poste de haut niveau à Bruxelles. Par contre, s'il y a quelqu'un d'Europe de l'Est, il leur sera plus difficile de convaincre les gens qu'il existe une appartenance à l'UE à deux niveaux, entre l'Est et l'Ouest.

Sommaire

REPÈRES
POLITIQUES SECTORIELLES
INSTITUTIONNEL
ÉCONOMIE - FINANCES - ENTREPRISES
SOCIAL - EMPLOI
DROITS FONDAMENTAUX - SOCIÉTÉ
ACTION EXTÉRIEURE
CONSEIL DE L'EUROPE
BRÈVES
Kiosque