La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sera vraisemblablement nommée candidate tête de liste ('Spitzenkandidat') lors du congrès électoral du 'Parti populaire européen' (PPE), les 6 et 7 mars à Bucarest. Elle est en effet l'unique candidate à cette fonction, a annoncé le président du PPE, son compatriote Manfred Weber, mercredi 21 février à Bruxelles.
Devant la presse, Mme von der Leyen s'est dite « reconnaissante » du soutien que lui apporte sa famille politique, soulignant « l'excellente collaboration » mise en place depuis cinq ans.
La dirigeante politique rassemble de nombreux soutiens de partis membres de la famille chrétienne-démocrate européenne, parmi lesquels la CDU allemande (EUROPE 13353/1) ainsi que la 'Plateforme civique' du Premier ministre polonais, Donald Tusk, et la 'Nouvelle Démocratie' du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. Mais, comme ce fut le cas en 2019, le parti français 'Les Républicains' a choisi de ne pas la soutenir, la considérant comme la candidate du président français, Emmanuel Macron.
En cas de victoire du PPE aux élections européennes de juin, l'ancienne ministre allemande de la Défense pourra prétendre à présider la Commission européenne cinq années supplémentaires, à condition qu'elle soit nommée par le Conseil européen et qu'elle réunisse une majorité sur sa personne au Parlement européen. Nommé 'Spitzenkandidat' du PPE en 2019, M. Weber n'y était pas parvenu (EUROPE 12287/1).
D'après le président du PPE, « l'Europe est dans de bonnes mains » avec Mme von der Leyen, faisant valoir les bons résultats qu'a obtenus la Commission européenne depuis 2019 malgré les crises plurielles que l'Europe a dû affronter, telles que la pandémie de Covid-19, l'agression militaire russe de l'Ukraine, la crise énergétique et la flambée de l'inflation. Il est donc « logique », a-t-il observé, qu'elle devienne la candidate tête de liste des chrétiens-démocrates et brigue un deuxième mandat à la tête de l'institution de l'UE.
M. Weber est convaincu que sa famille politique a repris une place centrale en Europe. Celle-ci devrait compter « quatorze » chefs d'État ou de gouvernement en juin, alors qu'ils sont douze actuellement et n'étaient que sept en 2019. « Le PPE est de retour », car les citoyens ont confiance dans notre capacité à gérer les crises, a-t-il estimé.
Ferez-vous alliance avec les souverainistes et les eurosceptiques réunis sous la bannière des conservateurs européens ? « Je travaillerai avec les partis pro-européens, pro-OTAN, pro-Ukraine, avec les défenseurs de nos valeurs démocratiques. (...) Il doit y avoir un positionnement clair », a répondu Mme von der Leyen. Elle a fait remarquer que la famille des conservateurs européens pourrait évoluer après les élections européennes par rapport à sa configuration actuelle.
Manifeste électoral. Interrogée sur les thématiques de la campagne à venir, Mme von der Leyen a réitéré plusieurs thèmes phares : la démocratie et les valeurs, la sécurité au sens large, une défense européenne pour aider l'Ukraine à gagner la guerre, la transition climatique avec les citoyens et les entreprises, la compétitivité, la réduction du fardeau administratif (principe '1 in, 2 out').
M. Weber a indiqué qu'à Bucarest, le parti européen adoptera son manifeste électoral qui détaille les thèmes précités (EUROPE 13331/25). Selon un projet de texte daté du 15 février, le PPE propose de mettre sur pied une Europe de la défense en trois étapes : - stimuler la base industrielle et mettre en place un marché unique en priorisant les achats d'équipements européens ; - utiliser les options du traité pour optimiser les compétences européennes et fixer à 0,5% la part du budget de l'UE post-2027 dédiée à la défense ; - concrétiser l'Union de la défense en disposant notamment de forces armées capables de se déployer rapidement.
Sur la lutte contre les dérèglements climatiques, les chrétiens-démocrates maintiennent l'objectif de la neutralité climatique dans l'UE à l'horizon 2050. « Le 'Pacte vert européen' est notre marque de fabrique », estiment-ils dans leur projet de manifeste. Mais, selon eux, l'heure est désormais à la mise en œuvre à travers « une stratégie industrielle » qui permettra de soutenir tous les secteurs d'activités afin que la transition climatique soit source de compétitivité. « Du vent à l'acier, des batteries aux véhicules électriques, notre ambition est claire : l'avenir de notre industrie 'zéro émission nette' est en Europe », soulignent-ils.
« Il convient de lutter contre les changements climatiques avec les gens et les entreprises », a estimé Mme von der Leyen. Selon elle, la question n'est pas de savoir si c'est nécessaire, mais comment le faire. Cela passera par des approches sur mesure adaptées aux besoins des différents secteurs d'activité, d'après la présidente de la Commission. M. Weber s'est dit « fier » des positions du PPE, qu'il a qualifié de « parti du 'Pacte vert' », quand bien même ce dernier s'est battu pour considérablement affaiblir le règlement sur la restauration de la nature (EUROPE 13290/1).
Selon une source parlementaire, des débats internes au PPE ont lieu sur le processus d'élargissement, notamment la validation des différentes étapes des négociations d'adhésion qui nécessitent aujourd'hui l'unanimité des États membres de l'UE.
Voir le projet de manifeste électoral du PPE : https://aeur.eu/f/axu (Mathieu Bion)