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Bulletin Quotidien Europe N° 12487

15 mai 2020
REPÈRES / RepÈres
One Health, ou comment le multilatéralisme peut contribuer à enrayer une pandémie

Dans la bande dessinée Infected de la Commission européenne (EUROPE 12486/1), plus que dans le film Contagion de Steven Sorderbergh, l'importance de la coopération internationale est soulignée, en tant qu'échelon pertinent de l'action face à un phénomène pandémique comme la Covid-19. Au moment de la réalisation d’Infected en 2011, l'Union européenne joue pleinement son rôle de promoteur du multilatéralisme aux côtés des Nations Unies et des États-Unis.

Dans la bande dessinée, lors d’un débat en session plénière du Parlement européen, plusieurs protagonistes insistent sur l'importance d'une coopération plurisectorielle afin de mieux prévenir et enrayer une pandémie trouvant son origine dans le règne animal. C'est le concept 'One Health'. « L'approche One Health, qui s'attaque aux risques sanitaires identifiés à l'interface entre les animaux, les êtres humains et leurs environnements, sera l'un des défis mondiaux dans les années à venir », note l'un d'eux.

« Le concept One Health est une approche plurisectorielle et pluridisciplinaire. Elle fonctionne aux échelons locaux, nationaux, régionaux et mondial. L’objectif est d’obtenir des résultats optimaux en termes de santé en reconnaissant – et c’est la clé – l’interconnexion entre l’homme, l’animal, les plantes et leur environnement partagé. Nous parlons ici d’un écosystème », a précisé vendredi 8 mai à EUROPE l’ambassadeur John Lange, qui a été le Représentant spécial des États-Unis pour la lutte contre la pandémie de grippe aviaire entre 2006 et 2009. Et de savourer le plaisir d’avoir été « le premier diplomate américain de l’histoire des États-Unis dépeint dans une bande dessinée de l’Union européenne ». Dans Infected, le personnage Jack Frost est inspiré de l’ambassadeur Lange.

Au début des années 2000, après le passage du virus SARS-CoV-1, la communauté internationale se mobilise. L'OMS met au point un Règlement sanitaire international contraignant. Lors de la Conférence de Pékin, en janvier 2006, organisée sous l’impulsion de l’UE, plus de cent pays participants lancent le mouvement international de préparation aux pandémies. Ils s'engagent à mettre au point des plans d'action nationaux afin de prévenir, de détecter et d’affronter des situations sanitaires d'urgence. L’accent est aussi mis sur l’échange d’informations et de matériel biologique et sur la recherche de vaccins et d’antiviraux.

À l'époque, la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1) faisait craindre le pire. Avec l’Union européenne, explique l’ambassadeur Lange, « ce que nous avons essayé de faire était d’être préparés au mieux » à une transmission soutenue à l’homme du virus de la grippe H5N1, qui n’est pas devenue une pandémie, mais qui « pourrait toujours le devenir un jour ». Plusieurs événements internationaux se succèdent et contribuent à diffuser le concept One Health. L’objectif était de faire en sorte que, dans les pays hôtes, « les ministres de la Santé et de l’Agriculture se parlent et coopèrent sur ce concept », a-t-il ajouté. Mais « il ne faut pas sous-estimer les difficultés » de l’exercice ni minimiser l’importance des « questions culturelles », l’ambassadeur citant l’exemple des marchés où se croisent animaux sauvages et d’élevage, vivants ou déjà abattus.

À l’échelle internationale, l'Union européenne s’engage politiquement et financièrement. Elle fait pression pour que les organisations internationales échangent leurs informations et communiquent de concert auprès du public. Le Service européen d’action extérieure dispose d’un poste dédié à la préparation aux pandémies.

Pourtant, après quelques années, les réseaux patiemment tissés autour de quelques acteurs clés s’effilochent peu à peu. « Il y a eu comme une 'fatigue pandémique'. On a baissé la garde », a estimé cet expert européen. Dans l’UE, le concept One Health est désormais focalisé sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Dans la sphère académique, il reste étudié et les publications se poursuivent.

En 2020, la pandémie de Covid-19 fait office de piqûre de rappel. Elle valide les prédictions et accroît le crédit de l’approche One Health. L’ambassadeur Lange le confirme : à l’époque, nous étions focalisés sur les risques d'une pandémie de grippe aviaire hautement pathogène; ici, nous avons affaire à une pandémie déclarée de coronavirus. « Tout le reste est tellement similaire et avait été annoncé », a-t-il estimé.

Plus que jamais, la priorité doit être mise sur la prévention. « Il y aura plus d’efforts déployés dans les activités de prévention », a prédit le diplomate américain. Selon lui, le Règlement sanitaire international de l’OMS pourrait être réformé sur la base des expériences les plus récentes et les capacités d’analyse et de surveillance de pays en première ligne devraient être renforcées grâce aux efforts de la communauté internationale.

Et si la bande dessinée Infected était actualisée ? Aux trois représentants de l’UE, des États-Unis et de l’ONU devrait s’ajouter un quatrième mousquetaire chinois, le rôle géopolitique de la Chine étant désormais incontournable. À la fin de l’album, un dossier didactique informe le lecteur sur les faits scientifiques qui sous-tendent la fiction. En cas d’actualisation, la pandémie de coronavirus viendra s’y ajouter aux autres maladies infectieuses graves comme Ebola.

« La bande dessinée peut rester telle quelle, mais le dossier final peut être actualisé. Dommage qu’elle n’ait pas été assez distribuée ! », a indiqué à EUROPE son scénariste, le Français Jean-David Morvan.

Heureusement, Infected est disponible gratuitement en ligne sur le site de l’Office des publications de l’Union européenne : https://bit.ly/3cvKFRR

Bonne lecture !

Mathieu Bion

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