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Bulletin Quotidien Europe N° 13416

25 mai 2024
POLITIQUES SECTORIELLES / Recherche/climat
L'innovation scientifique au service des politiques européennes, immersion dans le CCR d'Ispra en amont de la semaine verte de l'UE 2024
Ispra/Bruxelles, 24/05/2024 (Agence Europe)

Alors que démarre la 'Semaine verte de l’Union européenne' (EU Green Week 2024) mercredi 29 mai, le Centre commun de recherche (CCR) (Joint Research Centre - JRC) de l’Union européenne nous a ouvert les portes de ses laboratoires situés à Ispra (Italie), jeudi 23 mai. 

Niché au cœur de la Lombardie, le site du JRC d'Ispra réunit 2 000 personnes et se présente comme une véritable citadelle - indépendante - de la science dont la vocation est d’apporter des éléments de recherche pour servir les politiques européennes et leurs problématiques en matière de climat, d’énergie et d’environnement. Fondé en 1960 pour des recherches nucléaires, ce centre est aujourd'hui l'un des pôles de recherche de la Commission européenne, avec Bruxelles et Luxembourg.

Lors de notre visite, Alessandra Zampieri, à la tête de la direction des ressources durables, a détaillé la mission du CCR. « Nous ne nous contentons pas de mener des recherches scientifiques ; nous développons également les compétences nécessaires pour que ces connaissances soient intégrées dans les politiques publiques », a-t-elle expliqué.

En outre, Mme Zampieri a évoqué la complexité des défis auxquels notre société est confrontée, comme les phénomènes climatiques et les phénomènes migratoires qui y sont liés, la nécessité de s'adapter et l'importance, pour cela, de disposer de données fiables. « Notre rôle est de donner un sens à cette connaissance, de filtrer les informations et de fournir des preuves solides aux décideurs politiques », a-t-elle ajouté.

Les laboratoires du CCR

Les experts et scientifiques du CCR ont présenté le travail de plusieurs laboratoires. Parmi eux, le Laboratoire européen de gestion de crise (ECML), où les chercheurs surveillent et anticipent les risques de catastrophes, qu'il s'agisse de sécheresses, d'inondations ou d'autres désastres liés au climat. Leurs activités de surveillance permettent de garder un œil vigilant sur des événements potentiellement dévastateurs et difficiles à prévoir.

Un autre laboratoire auquel nous avons pu accéder est l'installation européenne d'essai solaire (ESTI), consacré au développement de normes internationales et à l’évaluation des performances des produits photovoltaïques depuis les années 1970. Grâce à des installations intérieures et extérieures qui simulent et surveillent la lumière solaire, les innovations dans le domaine de l'énergie solaire sont testées et calibrées.

Par ailleurs, le laboratoire de biotechnologie environnementale évalue les techniques novatrices pour faire face aux problèmes émergents tels que le changement climatique, les substances pathogènes dans l'eau, les proliférations d'algues, les effets des polluants et la résistance aux antimicrobiens. Ce laboratoire est à l'origine des valeurs seuils des directives européennes sur l'eau, comme la directive-cadre sur l'eau, la directive sur les eaux souterraines et la directive sur l'eau potable.

De son côté, l'Observatoire atmosphérique, où s'est achevée notre journée, surveille les concentrations de gaz et d'aérosols afin d'analyser les interactions entre l'atmosphère, la biosphère et le changement climatique. Les données recueillies servent de base pour évaluer l'efficacité des politiques de réduction des émissions et pour identifier les tendances significatives ou les modifications dans la composition de l'atmosphère.

La Semaine verte européenne 2024 : vers une Europe résiliente en matière d’eau

La thématique de la Semaine verte européenne de cette année, qui coïncide avec notre venue à Ispra, est 'Vers une Europe résiliente en matière d’eau'. Cette initiative fait partie de la campagne #WaterWIseEU, visant à stimuler une conversation à l'échelle de l'UE autour de l'eau, aujourd'hui et à l'avenir. L'objectif est de sensibiliser et de promouvoir des solutions positives et collaboratives pour une gestion durable de l'eau.

Le laboratoire de l'eau du CCR joue un rôle majeur dans cette démarche. Doté d'équipements spécialisés, ce laboratoire analyse l'eau provenant de diverses sources telles que les lacs, les eaux usées traitées ou l'eau potable pour détecter la présence de produits chimiques nuisibles à notre santé ou à l'environnement. Les experts du laboratoire nous ont expliqué que l'analyse des eaux usées, par exemple, fournit une image claire de la propagation des substances nuisibles. En étudiant les résidus présents dans les eaux usées, les scientifiques peuvent détecter des pathogènes plusieurs jours avant qu'ils ne soient identifiés par des tests cliniques.

La surveillance des eaux usées, un outil de santé publique essentiel

Par ailleurs, les scientifiques du CCR nous ont exposé des éléments soulignant le rôle majeur de la surveillance des eaux usées pour la santé publique. Nous pouvons considérer les stations d'épuration comme des sentinelles à travers tout le territoire, nous indiquant ce qui circule réellement dans la population, a expliqué une experte. Cette méthode permet de détecter précocement les épidémies comme la Covid-19, mais aussi le choléra, la grippe ou l'hépatite A, ainsi que de surveiller l'utilisation des drogues et des produits pharmaceutiques.

Le CCR a pu montrer que la Covid-19 circulait déjà dans le nord de l'Italie en novembre 2019, bien avant les premiers cas cliniques détectés. De plus, le système Sentinel du CCR a détecté le variant Omicron dans les aéroports de Madrid et de Francfort avant qu'il ne soit identifié par des tests cliniques.

Une science au service des décideurs politiques

Le CCR mise avant tout sur l’anticipation des enjeux à venir. Les rapports de prévoyance, développés en collaboration avec des décideurs politiques, sont essentiels pour comprendre ces problématiques futures et y répondre de manière proactive. « Nous avons organisé notre recherche pour réunir différentes disciplines et fournir une information intégrée aux décideurs politiques », a expliqué Alessandra Zampieri.

Cette approche intégrée permet de combiner les connaissances sur différents aspects tels que les inondations, les sécheresses et leurs coûts financiers, offrant ainsi une vision plus complète et précise aux décideurs politiques. Les centres de connaissances sont des espaces où la politique et la science se rencontrent pour combler les lacunes et orienter les futures recherches. (Nithya Paquiry)

Sommaire

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