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Bulletin Quotidien Europe N° 13386

9 avril 2024
Sommaire Publication complète Par article 15 / 25
INSTITUTIONNEL / Pe2024
Le parti européen Volt déterminé à faire irruption sur la scène politique européenne
Bruxelles, 08/04/2024 (Agence Europe)

Le parti paneuropéen Volt, qui présentera des candidats aux élections européennes de juin dans seize États membres de l'Union européenne, est décidé à bousculer l'Europe (leur slogan: 'We will rock EU') et à permettre à quelques élus de se frayer un chemin vers l'hémicycle du Parlement européen.

Réunis à Bruxelles samedi 6 avril pour le lancement de leur campagne européenne, ses membres ont affiné leur argumentaire politique fondamentalement pro-européen, ils ont été formés à la constitution d'équipes et à la conduite d'une campagne. Et ils ont élu deux têtes de liste au niveau européen ('co-Spitzenkandidaten') : la Néerlandaise Sophie in 't Veld, eurodéputée du groupe Renew Europe, et l'Allemand Damian Boeselager, membre du groupe Verts/ALE au PE.

Alors qu'il entame sa structuration en même temps que sa dissémination dans l'UE, le parti européen Volt fait face à de nombreux obstacles tels que le manque de ressources, les procédures bureaucratiques dans les États membres, qui freinent, par exemple, l'inscription de listes électorales, et la nécessité de se faire une place auprès du grand public.

En 2019, Volt avait réussi à faire élire M. Boeselager. En 2024, il rêve d'atteindre le seuil des cinq élus au Parlement européen. Les espoirs sont élevés aux Pays-Bas, où les sondages octroient deux eurodéputés au parti paneuropéen et où le mouvement citoyen dispose déjà d'élus locaux et nationaux. Volt est déjà bien implanté dans mon pays, car il est plus facile de créer de nouveaux partis aux Pays-Bas, a expliqué à Agence Europe la Néerlandaise Anna Strolenberg, deuxième sur la liste néerlandaise, samedi 6 avril. Travaillant pour une ONG impliquée dans l'accueil des migrants, elle a décidé de se porter candidate après que le gouvernement de Mark Rutte a chuté en raison de la politique migratoire. Trop de mensonges ont été prononcés, selon elle.

En vue des élections européennes de juin, le parti Volt bénéficie d'un soutien de poids en la personne de Mme in' t Veld, qui, après quatre mandats au Parlement européen, a pris la décision « douloureuse » - selon ses propos - de quitter le parti D66 pour se porter candidate en Belgique sur la liste flamande de Volt.

À ce jour, la libérale néerlandaise n'est toujours pas assurée de mener cette liste. La faute, selon Volt, aux procédures bureaucratiques et à des dysfonctionnements techniques sur la plateforme fédérale en ligne pour permettre aux citoyens résidant en Belgique de soutenir de nouvelles listes. Pas moins de 5 000 signatures sont nécessaires pour soutenir une liste, francophone ou flamande. Pour dénoncer des complications « surréalistes » selon Mme in 't Veld, le parti européen a déposé un recours auprès de Médiateur belge. Autre possibilité pour présenter une liste : recueillir le soutien de cinq élus locaux ou fédéraux. Mais le parti nouveau venu se heurte au refus des partis traditionalistes, comme les écologistes ou la NVA, qui voient désormais en lui un concurrent.

Interrogée par Agence Europe, Mme in 't Veld a souligné « le fort potentiel » de Volt en tant que mouvement citoyen chassant au centre de l'échiquier politique sur un programme réclamant plus de démocratie européenne, à savoir plus de transparence dans la gestion des affaires publiques et un contrôle accru du Parlement sur le pouvoir exécutif. « Le Parlement européen est une formidable machine à légiférer, mais il ne demande pas assez de comptes à la Commission européenne », a-t-elle estimé. « Volt veut réparer la démocratie. Lorsque nous l'aurons fait, mon pari est que les populistes diminueront », a renchéri M. Boeselager.

Le parti européen est aussi très favorable au système des Spitzenkandidaten, parce qu'il ajoute une dose de parlementarisme en contribuant à faire élire le président de la Commission par le Parlement, réduisant ainsi l'emprise du Conseil européen sur les nominations aux hautes fonctions européennes.

Il est « inadmissible » que Mme von der Leyen, présidente sortante de la Commission européenne et tête de liste du 'Parti populaire européen, ne soit pas candidate au Parlement européen, a estimé la libérale néerlandaise. En choisissant le Luxembourgeois Nicolas Schmit, le Parti socialiste européen ne croit pas vraiment au processus, tandis que les libéraux n'ont désigné aucune tête de liste, a-t-elle critiqué.

De façon symbolique, le parti paneuropéen a innové en dévoilant, samedi, une liste transnationale composée de candidats aux élections européennes, y compris des représentants... du Royaume-Uni ! Contrairement au Parlement européen, le Conseil de l'UE reste majoritairement opposé à cette innovation institutionnelle qui permettrait à tous les citoyens européens, en plus du scrutin au niveau national, d'élire des eurodéputés menés par des têtes de liste au niveau européen (EUROPE 13293/24).

Pas de deuxième mandat pour Mme von der Leyen à la tête de la Commission

Mme in 't Veld a eu des mots durs à l'encontre de la présidente de la Commission. « Je ne pense pas qu'elle devrait avoir un deuxième mandat », a-t-elle considéré. Certes, la Commission 'von der Leyen' a initié le 'Pacte vert européen' et a bien géré la pandémie de Covid-19, mais Mme von der Leyen a raté l'opportunité « unique » de « permettre à l'Europe de compter au Proche-Orient ». Une passivité, d'après elle, « impardonnable ».

Et l'eurodéputée de fustiger le déblocage, fin 2023, de 10 milliards d'euros de fonds européens à la Hongrie, initiative qu'elle a qualifiée de « mépris pour la démocratie ». Cette décision aurait permis, en échange, à Budapest de ne plus bloquer l'ouverture officielle des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE (EUROPE 13313/9).

Même son de cloche chez M. Boeselager : « [Mme von der Leyen] n'a aucune idée sur la direction que l'Europe est en train de prendre ».

Volt est également très critique concernant la façon dont l'UE gère le phénomène migratoire, en externalisant la gestion des flux de migrants à des pays moins regardants en matière de démocratie et de respect des droits de l'homme.

Où siéger dans le futur Parlement européen ?

Cette question posée samedi par la presse n'a pas été tranchée par les militants de Volt. M. Boeselager a indiqué être « ouvert » à des « discussions » qui auront lieu en temps voulu entre les Verts/ALE et les libéraux en fonction des priorités politiques inscrites sur le programme de Volt : une Europe plus démocratique, une transition vers la neutralité climatique, une forte dimension sociale avec un logement et des transports publics abordables, la création d'une armée européenne. M. Boeselager a fait remarquer que 'libéral' et 'écologiste' ne signifient pas la même chose selon les États membres. « Il y a toujours des divergences. Mais cela n'a pas lieu chez Volt », qui s'appuie sur un programme unique, a-t-il assuré.

« Les configurations politiques au sein du PE ne sont pas gravées dans le marbre ! », a dit Mme in 't Veld, caressant l'espoir d'une recomposition des groupes politiques dans le futur PE. « J'aimerais beaucoup que nous soyons au cœur d'un tel processus », a-t-elle ajouté. Et de conclure : au Parlement européen, « vous pouvez facilement former un groupe progressiste, centriste, pro-européen, comme notre formation. Vous convaincrez beaucoup de gens chez les libéraux, les Verts, les socialistes et même certains au PPE ! » (Mathieu Bion)

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