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Bulletin Quotidien Europe N° 12518

2 juillet 2020
POLITIQUES SECTORIELLES / CohÉsion
« la crise a remis en question l'architecture de l'Union européenne », selon Apostolos Tzitzikostas
Bruxelles, 01/07/2020 (Agence Europe)

Élu en début d'année à la présidence du Comité des régions (CdR), Apostolos Tzitzikostas a connu un début de mandat particulièrement mouvementé, marqué par la Covid-19, des négociations très intenses sur le futur budget européen, mais aussi par une nouvelle dynamique en faveur de la politique de cohésion. (Propos recueillis par Pascal Hansens)

Agence Europe - À quel niveau la pandémie de Covid-19 affecte-t-elle les collectivités locales et régionales ?

Apostolos Tzitikostas - Elle a eu un impact important sur les autorités locales et régionales. Un million de responsables politiques locaux et régionaux étaient en première ligne. Ils ont réussi à être le filet de sécurité de l'Europe. Nous avons réussi à garantir les services de base et de santé, à protéger les emplois, à soutenir les PME et, bien sûr, à préparer le terrain pour la reprise.

La crise a montré qu'une approche centralisée, qu'elle soit nationale ou européenne, ne peut pas faire face aux multiples facettes de cette urgence. À mon avis, la crise a remis en question l'architecture de l'Union européenne. La politique actuelle à deux dimensions, qui est essentiellement européenne et nationale, ne peut plus fonctionner. Nous l'avons vu dans la gestion de la crise. Nous avons besoin d'une troisième dimension qui est celle des autorités régionales et locales.

Qu'a fait le Comité des régions pour aider les autorités locales et régionales ?

Nous avons créé une plateforme d'échange sur laquelle près de 250 régions et villes ont déjà partagé leurs idées, leurs bonnes pratiques et leurs opinions. Nous avons été les premiers à demander un mécanisme européen d'urgence sanitaire, qui a été accepté. Nous avons demandé d'augmenter les fonds de cohésion, car ce sont en effet les seuls fonds qui peuvent faire face à une crise aux multiples facettes. Cette demande a également été acceptée.

Le 9 mai, nous avons organisé un événement en ligne de grande envergure sur le rôle crucial que les régions et les villes jouent, non seulement dans la gestion de l'urgence causée par la pandémie, mais aussi, de manière générale, dans l'amélioration de la vie des gens dans toute l'Europe.

Nous n'avons jamais cessé nos réunions, même si elles se déroulent en ligne.

Diriez-vous que la pandémie a sauvé ou du moins remis la politique de cohésion au cœur de l'action européenne ?

Malheureusement, avant la crise, vous savez très bien que de nombreuses institutions en Europe se demandaient comment et pourquoi la politique de cohésion devait être améliorée. Après la crise, tout le monde s'est rendu compte que c'était la seule façon d'aller de l'avant. Il est dommage que nous ayons dû traverser une crise pour que certaines personnes le comprennent. Mais il est néanmoins bon que tout le monde soit maintenant sur la même longueur d'onde : que le principe de cohésion soit placé au centre de toutes les politiques de l'UE.

La cohésion est essentielle si nous voulons rendre l'Europe plus forte, plus proche de ses citoyens et avec moins de radicalisme et d'euroscepticisme.

En lien avec cette nouvelle perception de la politique de cohésion, pensez-vous que le Comité des régions a gagné en visibilité auprès des citoyens européens et des institutions européennes ?

Le Comité des régions a fait des propositions très concrètes. Toutes ces propositions ont été acceptées, comme le mécanisme européen d'urgence pour la santé, le fait que nous demandions le fonds de relance d'au moins 500 milliards d'euros sous forme de subventions, qui est venu après trois mois. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit.

Nous avons demandé le renforcement de la politique de cohésion, et maintenant, nous avons 373 milliards d'euros et 90 milliards pour le développement rural, ce qui était aussi un aspect que nous avons demandé dès le début de la discussion pour le cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027. Et nous pensons donc que notre voix, la voix du CdR à Bruxelles, a été plus entendue que par le passé.

Pendant la crise, la Commission européenne a proposé d'introduire beaucoup de flexibilité dans les fonds de cohésion. Pensez-vous qu'ils doivent tous être maintenus dans le prochain CFP, au risque de perdre l'orientation stratégique de la politique de cohésion ?

La flexibilité est absolument nécessaire en Europe. Ce qui n'est pas nécessaire, c'est le danger de la centralisation. Nous voulons donc de la flexibilité parce que nous sommes favorables à l'efficacité et à la rapidité. Mais nous ne pouvons pas permettre que tous ces changements de procédures centralisent à nouveau les processus et la manière dont l'Europe fonctionne.

Nous avons donc besoin de flexibilité, d'une part, mais aussi de décentralisation, d'autre part. Ce sont les deux principaux piliers sur lesquels nous devons construire l'avenir de l'Europe.

Dernière question : du côté du Comité des régions, quelles sont vos principales demandes concernant la Conférence sur l'avenir de l'Europe ? Quel pourrait être le rôle du Comité des régions ?

La première chose que nous attendons est d'être mis à la même table que tous les grands acteurs de l'Union européenne. On ne peut pas discuter de l'avenir de l'Europe sans la participation des villes et des régions. Si nous devions décrire l'Union européenne comme ayant une maison, nous dirions que les gouvernements nationaux sont les murs, les institutions de l'Union européenne le toit, mais aucune maison ne peut tenir sans une fondation solide. Et les fondations, ce sont les régions et les villes.

Une fois à la table des négociations, nous demanderons de renforcer la façon dont le Comité des régions travaille en Europe, sans avoir de tabous ni de contraintes. Le CdR doit être en mesure de mieux relier les villes, les régions et l'Union européenne, dans l'intérêt des uns et des autres.

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